Appels autour du 10 septembre

Il semble que de multiples appels à grève/lutte circulent pour le 10 septembre, avec toutes les ambigüités qui étaient déjà présentes lors des gilets jaunes (relai de l’extrême-droite, ton parfois patriotard, réformisme social-démocrate...). A ceci près que le refus de l’austérité est plus clair que les taxes sur l’essence. Sans préjuger du fait qu’il se passe quoi que ce soit, et surtout quoi que ce soit d’intéressant, quelqus textes ci-dessous relayant cet appel. De quoi animer des discussions autour de l’intervention dans les luttes, sans perdre les boussoles du refus de toute autorité et oppression, de l’auto-organisation, de l’entraide et de l’action directe.

Plan Bayrou : un matraquage social annoncé

24 juillet 2025 - CNT Travail Emploi et Formation Professionnelle

François Bayrou a annoncé ce mardi 15 juillet les grandes lignes du budget 2026 et celles des années suivantes. Au programme dès l’an prochain, près de 44 milliards d’économies.

Sans surprise, la politique au service de la bourgeoisie qui a prévalu jusqu’à présent se poursuit : les entreprises et les hauts patrimoines seront peu mis à contribution, pendant que les revenus plus modestes porteront l’essentiel de l’ « effort » qui sera réalisé par la baisse des dépenses publiques. Le but affiché étant de faire passer le déficit de 5,4% du PIB en 2025 à 4,6% en 2026.

Mais ce n’est pas tout. Comme son prédécesseur, François Bayrou fixe comme horizon de passer en dessous des 3 % de déficit en 2029. Dans le détail : 4,1 % en 2027, 3,4 % en 2028, puis 2,8 % en 2029. Un pourcentage qui correspond, selon le Premier ministre, à la fin du creusement de la dette française. Les budgets 2027, 2028 et 2029 devraient ajouter près de 100 milliards d’économies supplémentaires aux déjà presque 100 milliards des années 2025 et 2026.

Une cure d’austérité de quasi 200 milliards en cinq ans.
Les riches se gavent et les pauvres devraient payer

Ainsi ceux qui ont consciencieusement creuser le déficit depuis près 10 ans à coups de centaines de milliards par an d’aides publiques au patronat sans aucun contrôle, viennent maintenant nous saigner en nous faisant la leçon.

Les discours moralisateurs et culpabilisants peinent à masquer la poursuite d’une violente politique de classe qui redirige toujours les richesses produites vers le capital. Le budget de l’État a été capté par les intérêts privés qui, pour préserver cette manne, dirigent la responsabilité des déficits sur la redistribution sociale.

En effet, il est peu question dans les médias de l’énorme enrichissement des plus riches en France, rappelons quelques faits édifiants.

Le patrimoine cumulé des 500 plus gros propriétaires d’entreprises et leur famille entre 2003 et 2023 a augmenté de 844 % (oui une multiplication par 9,4).

Le montant total des 500 plus grandes fortunes flirtait avec les 600 milliards d’euros en 2017. Il se situe à 1 200 milliards en 2023.

Aujourd’hui, une personne parmi les 1% des Français⸱es les plus riches gagnent en à peine six jours ce qu’une personne parmi les 50% les plus pauvres gagne en un an.

Mais pour Bayrou et la bourgeoisie, ce sont les plus modestes qui doivent faire des efforts.
Bayrou tape toujours sur les mêmes et épargne toujours les mêmes

L’annonce qui, jusqu’à présent, a fait le plus parler est la suppression de deux jours fériés. C’est ce que proposait déjà le Medef en septembre 2024. Le gouvernement s’exécute. François Bayrou veut donc en finir avec le lundi de Pâques et, surtout, avec le 8-Mai, date de commémoration de la capitulation de l’Allemagne nazie il y a quatre-vingts ans. Mais cette mesure, pour inacceptable qu’elle soit, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.

Cette nouvelle cure d’austérité budgétaire commence tout d’abord par « une année blanche », c’est-à-dire une désindexation de l’inflation, qui affectera l’ensemble des pensions de retraite, des prestations sociales et des traitements des fonctionnaires.

Estimant l’inflation à environ 1 %, cela implique une perte de niveau de vie d’autant l’an prochain. Les prestations sociales n’étant évidemment pas destinées aux foyers les plus riches, cette mesure sera proportionnellement plus dure pour les revenus les plus modestes comme les bénéficiaires du RSA.

Des mesures de restriction affecteront aussi, une fois de plus, la fonction publique qui perdra 3000 postes de fonctionnaires dès l’an prochain. Et ce n’est probablement qu’un début puisque François Bayrou a expliqué qu’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne serait pas remplacé. De même, les budgets de chaque ministère seraient revus à la baisse. Dans les faits les ministères dits sociaux devraient comme d’habitude être les plus touchés, l’intérieur et la défense seront épargnés. Pour ce dernier il sera même rehaussé de 3,6 milliards d’euros de plus que le niveau déjà prévu dans la loi de programmation militaire, soit une augmentation in fine de 6,7 milliards d’euros en 2026 par rapport à 2025.

Comme l’an dernier, celui consacré à l’écologie fera les frais des mesures d’économies (2,1 milliards en 2025). Autres ministères qui subiront un nouveau coup de rabot : ceux de l’enseignement supérieur et de la recherche, du sport, de la culture, du travail etc.

Les collectivités territoriales ne seront pas épargnées non plus. Elles devront supporter plus de 5 milliards d’économies, après les coupes de l’an dernier aux nombreuses conséquences sociales dans les territoires.
Achevez-moi tous ces malades

François Bayrou a ensuite révélé des économies de l’ordre de 5,5 milliards d’euros réalisées sur le budget de la Sécurité sociale. Dans le viseur, parmi d’autres : une partie des dépenses qu’il juge injustifiées ou réductibles pour les personnes souffrant d’affection de longue durée. Mais également le doublement à 100 euros de la franchise médicale ou encore la chasse aux arrêts de travail.

Enfin, il compte serrer la vis sur les arrêts maladie. Sera ainsi mise en œuvre, « après négociation des partenaires sociaux, une réforme structurelle visant à responsabiliser les entreprises sur la prévention et les salariés contre les arrêts abusifs, en intégrant la réforme des indemnités journalières ».
Les chômeurs comme éternels boucs émissaires

Le Premier ministre a promis une énième réforme de l’assurance chômage devant rapporter 4 milliards d’euros.

A cette occasion, il a une nouvelle fois avancé des arguments erronés sur les freins à la reprise d’emploi ou sur le scandale que représenterait les emplois non pourvus.

En réalité, tout au plus 400 000 pour plus de 3 millions de chômeurs en catégorie A (n’ayant pas du tout travaillé dans le mois).
Et ce n’est qu’un début…

Par contre pas d’annonces majeures de contribution pour les entreprises ou des plus hauts revenus. Il a bien été question de réduire des niches fiscales et sociales, mais sans en nommer aucune, ni en fixer le montant d’économies attendu. Au contraire, afin de réduire le déficit commercial du pays, François Bayrou a expliqué que son plan « En avant la production » passerait par un soutien aux entreprises.

Ne pouvant ignorer le récent rapport sénatorial qui pointait 211 milliards par an d’aides aux entreprises, sans contrôle, le chef du gouvernement a promis une « réflexion » à venir. A savoir, moins de subventions en échange de « moins de contraintes et de normes ». Une nouvelle déréglementation est donc à prévoir.

La bourgeoisie et leurs fondés de pouvoir au gouvernement n’en ont jamais assez et sitôt les annonces du budget Bayrou faites d’autres politiciens de la macronie pour réclamer encore plus.

Madame Astrid Panosyan, notre ministre du travail, propose maintenant de s’attaquer aux congés payés. Pour faire bonne figure, elle envisage pour l’instant de faire juste une croix sur la 5e semaine de congés payés en échange d’une rémunération supplémentaire. A ce petit jeu, le député macroniste Mathieu Lefèvre annonce maintenant qu’il faut mettre fin aux 35 heures.

On l’a compris ce pouvoir et la classe sociale qu’il représente ne s’arrêteront jamais. Il n’auront de limite que celles que nous leur imposeront.

Sans attendre une hypothétique censure à venir, c’est dès maintenant que le monde du travail doit s’insurger contre ce nouveau de régression sociale.

Combattons ce projet de matraquage social qui s’attaque aux plus faibles et aux services publics !
Faisons passer les riches à la caisse !
Nous n’aurons que ce nous prendrons !

10 Septembre ? Auto-organisation !

28 juillet 2025 - L’offensive

Il y a un an, nous évitions le pire : grâce à une mobilisation dans les urnes et dans la rue, nous avons empêché l’arrivée au pouvoir des fascistes du RN suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Cette mobilisation a été largement portée par des personnes qui n’ont pas pour habitude de se mobiliser mais qui sont surtout électoralement négligées. Nous ne sommes pas dupes et nous ne l’étions déjà pas à l’époque : même si cet effort collectif a permis d’éviter le pire, la voie des urnes, lorsqu’elle n’est pas suivie d’une forte mobilisation populaire, ne suffit pas à ébranler le capitalisme ni à juguler les crises écologiques. Malgré la victoire du Nouveau Front Populaire, les bourgeois ont quand même imposé de force un gouvernement de droite-extrême. Toute cette année durant, ce gouvernement a adopté une multitude de mesures anti-sociales, dévastatrices pour notre environnement, racistes et répressives.

Ces dernières semaines, après le passage en force de la loi écocidaire dite « Duplomb » visant entre autres à réintégrer des pesticides toxiques dans l’agriculture, nous avons assisté à l’annonce du plan économique de Bayrou se traduisant par une politique d’austérité profonde.

En réponse à ces attaques, des initiatives se créent et laissent présager un grand mouvement de contestations sociales à la rentrée.

D’abord la pétition contre l’adoption de la loi Duplomb a atteint un record historique, plus de 2 millions de signatures sur le site de l’Assemblée Nationale, et elle continue de faire parler d’elle ! Néanmoins, il est difficile d’espérer quoi que ce soit du gouvernement. Celui-ci, main dans la main avec la FNSEA, magouillera jusqu’au bout pour ne pas tenir compte de la mobilisation citoyenne autour de la souveraineté alimentaire et de la santé publique au profit des intérêts de l’agrobusiness. Le gouvernement nous a habitué à ignorer ces initiatives citoyennes, il est donc difficile de croire que cette pétition va être prise en compte. Celle contre la réforme du droit du travail en 2016 (dite loi El Khomri) avait dépassé les 1,3 million de signatures sur le site de l’Assemblée, sans que le pouvoir n’en tienne compte. En 2019 encore, toutes les propositions issues de la Convention Citoyenne pour le climat ont été balayées d’un revers de la main par Macron. Ce fut plus largement le cas pour toutes les mobilisations et initiatives sociales et écologistes de ces dernières années.

Le plan Bayrou, c’est 40 millions d’euros de budget en moins pour les aides sociales et les dépenses publiques, des attaques contre l’accès aux soins, contre les droits des chômeur·euses, des retraité·es, des étudiant·es et des salarié·es. Toutes ces mesures budgétaires ont été adoptées dans le but de nous « responsabiliser sur la situation économique du pays » sans prendre un seul centime aux plus riches ! Pourtant, les derniers chiffres de l’INSEE nous indiquent que le taux d’inégalité entre les plus riches et les plus pauvres n’a jamais été aussi haut depuis un demi-siècle. Nul doute, c’est une énième offensive ultra-libérale contre les plus précaires. Suite à cette annonce, un compte appelant à « une grève générale totale » le 10 septembre prochain est apparu sur les réseaux sociaux

Ces divers initiatives témoignent d’une chose : nous n’avons pas besoin des forces politiques « progressistes » de la gauche et de l’écologie molles pour nous mobiliser et faire porter nos voix. Ces structures hors-sol sont à la ramasse. Elles sont éloignées de la réalité de notre société et de nos attentes écologiques et sociales.

Le relais massif de l’appel à la mobilisation le 10 septembre – hors partis et hors syndicats – fait déjà trembler les éditorialistes de tous bords. Ces chiens de garde de la bourgeoisie sont terrifiés à l’idée d’un nouveau mouvement similaire aux Gilets Jaunes. Ils tentent – en vain – de le stigmatiser en essayant de lui donner d’emblée une couleur politique, alors alors même qu’il incarne un mouvement pluriel fondé sur une quête manifeste de justice sociale. Ces éditorialistes, fidèles à eux même, ne se mêlent pas aux tambouilles des « petites gens » et restent hostiles à toutes les initiatives qui sortent du cadre de la politique institutionnelle.

S’il y a bien une leçon à retenir des Gilets Jaunes, c’est que pendant que la plupart des organisations de la gauche institutionnelle et les syndicats étaient sceptiques à l’idée de rejoindre le mouvement, les groupes autonomes et antifascistes viraient l’extrême droite des cortèges dès les premières mobilisations du mouvement. 7 ans plus tard, médias et politiques nous jouent la même musique sur fond de scepticisme idéologique. Ce sont les mêmes qui bégayaient quand il s’agissait de nommer le génocide en cours à Gaza mené par le gouvernement d’extrême droite israélien.

Quant aux syndicats, la direction de la CGT annonce dans l’Humanité qu’un mouvement social ne peut pas se faire sans elle. Quelle audace… Est-il bien nécessaire de rappeler aux bureaucraties syndicales leurs innombrables échecs et trahisons, par exemple lors des dernières mobilisations contre la réforme des retraites ?

Nous avons conscience que l’extrême droite tente de s’accaparer cette colère légitime et de récupérer cet appel. C’est pourquoi il est d’autant plus nécessaire de rappeler qu’ils ne sont en aucun cas force de mobilisation. C’est une occasion idéale pour faire craquer le vernis « social » des fascistes. La lutte contre l’extrême droite, tout comme les mouvements sociaux, se sont toujours construits par la base, dans la rue et étape par étape. Dans ce cas, la première sera de convaincre ou – si ce n’est pas possible – de dégager, tous les « Nicolas » de nos mobilisations.

Parce que nous nous opposons à toutes formes de dogmatismes, et parce que ce sont nos vies qui sont en jeu, nous serons présents dans la rue et aux blocages pour soutenir les mouvements de contestations sociales contre le capital, qu’importe la forme qu’ils prendront. Nous pourrons y mettre à profit nos outils démocratiques afin d’empêcher les forces réactionnaires de récupérer nos luttes.

Et d’y construire un nouveau modèle de société, fait par la base, pour la base à travers la démocratie direct.

10 septembre ou pas, toutes et tous dans la rue à la rentrée !

A lire aussi...