Le jeudi 9 janvier 2025 après-midi, il était possible de visiter le Grand Accélérateur National d’Ions Lourds (GANIL) [1], lors d’une visite guidée payante (7€), sur pré-inscription avec un nombre limité des places, et sous contrôle des pièces d’identités, le tout organisé par l’Office de Tourisme de Caen.
Derrière le GANIL, une propagande à gerber sur le monde de la recherche nucléaire
Le Grand Accélérateur National d’Ions Lourds (GANIL) est basé à Caen (boulevard Henri Becquerel !) depuis 1983. C’est une collaboration entre le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) et le CNRS, avec des financements de la région Normandie, de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et de l’Union européenne sans oublier un soutien de la ville de Caen, de l’agglo Caen-la-mer et du département.
Tout comme d’autres laboratoires de recherche, les chercheurs et chercheuses du GANIL collaborent avec la Direction des Applications Militaires du CEA, pour les besoins de la dissuasion militaire, de l’énergie nucléaire ou des nouvelles technologies de l’information et de l’énergie.
Ces visites touristiques participent de l’acceptation sociale du nucléaire par le public. On vous parle progrès médical, avancée de la recherche, etc.
On vous dit que ce grand laboratoire, l’un des 4 plus grand au monde pour la recherche avec des faisceaux d’ions (à l’aide d’accélérateurs), accueille chaque année plus de 700 chercheurs et chercheuses du monde entier, et qu’il emploie 300 personnes.
L’Office de Tourisme caennais relaie ainsi la propagande nucléaire et les délires technologiques et scientifiques des apprentis-sorciers qui jouent avec des noyaux dits « exotiques » (n’existant pas à l’état naturel, sur Terre) à des fins de... recherche !
Ailleurs on vous fera visiter des centrales nucléaires pour vous convaincre de leur sûreté et de vivre avec le risque de la catastrophe, ou on vous accueillera au laboratoire de l’ANDRA pour vous convaincre d’accepter le projet de poubelle nucléaire CIGÉO à Bure…
La propagande nucléocrate du GANIL ne s’arrête pas aux visites touristiques :
Au cours de l’été 2024, le GANIL a également organisé des visites (sur candidature !) d’enseignant.es de physique-chimie du secondaire lors de la 1re édition de « stage Profs » d’une durée de 3 jours [2]. Il s’agit de favoriser l’émergence de nouveaux « chantiers pédagogiques » sur la physique nucléaire en classes… Sans surprise, une partie du stage a été consacrée à la découverte des métiers de la recherche nucléaire, « espérant susciter des vocations parmi la jeune génération (lycéens et étudiants) ». De quoi accompagner sans scrupule le volet 3NC de formation dans les métiers du nucléaire qui accompagne actuellement la relance de l’industrie nucléaire en Normandie…
De la propagande aux professeurs, pour préparer la main d’œuvre de demain…
Le GANIL participe également du rayonnement du secteur de la recherche nucléaire à Caen. Il participe du pôle Nucléopolis créé en 2010 (composé de plus 90 organisations adhérentes : organismes de recherche et de formation tels que le GANIL, le CEA, le CNRS, ENSICAEN, l’Université de Caen, de grands industriels du nucléaire civil et militaire : ORANO, EDF, GDF-SUEZ, DCNS, NAVAL GROUP, etc ainsi qu’un tissu de PME liés à l’industrie nucléaire dans la région).
Aujourd’hui, les nucléocrates nous annoncent : la connexion de l’EPR de Flamanville, une flopée de nouveaux réacteurs, trois piscines d’entreposages à la Hague pour les rebuts des réacteurs nucléaires en fonctionnement... reléguant Fukushima et les dangers du nucléaire sous le tapis ou à 500 mètres sous terre comme il est prévu d’enfouir les déchets nucléaires à Bure.
Avec le GANIL, les nucléocrates prétendent que la recherche va nous sauver des dangers du nucléaire (radiation, catastrophe, déchets...), mais ils oublient de dire que c’est elle qui nous a menée au nucléaire avec les bombes et les essais atomiques, etc.
À Caen, tout comme à Bure ou à la Hague où des mobilisations s’opposent aux projets des nucléocrates, nous refusons de célébrer, même sur les ruines du GANIL, cette société capitaliste qui court à sa perte, au nom de la recherche d’une société nucléaire capitaliste toujours plus productive et compétitive mais surtout, forcément, policière.
PS : Ce 9 janvier, les touristes volontaires à la visite du GANIL ne sont pas autorisé.es à garer leur véhicule dans l’enceinte du campus dédié (campus Jules Horowitz de son petit nom !). L’Office de Tourisme de Caen leur a donc conseillé : « privilégiez si vous le pouvez le tramway ». De notre côté, nous avons choisi de leur faire passer un message en collant des affiches dénonçant l’industrie nucléaire, au niveau de l’arrêt de tram « Côte de Nacre »... affiches malheureusement nettoyées dès le matin par Twisto ! :-(
Et pour l’Office de Tourisme, afin que le message leur parvienne également, ce communiqué leur a été adressé directement.