49 millions d’euros investis pour un bâtiment dédié au nucléaire à l’Université de Caen
Déjà en pointe sur le secteur nucléaire, l’Université de Caen (Calvados) disposera, à l’horizon 2031, d’un bâtiment moderne pour la recherche et la formation. Une acquisition qui nécessitera un investissement de 49 millions d’euros.
Un « laboratoire devenu obsolète » et des « ressources universitaires éparpillées ». François Mauger, professeur et chargé de projet du futur bâtiment dédié à la physique nucléaire de l’université de Caen (Calvados), plante le décor. La faculté caennaise disposera d’un bâtiment neuf de recherche et de formation, à l’horizon 2031. Des locaux qui s’étendront sur plus de 9000 mètres carrés au campus 2 (nord de la ville), grâce à un investissement de 49 millions d’euros. Dans le détail, 29 millions seront consacrés au Laboratoire de physique corpusculaire (LPC) reconstruit et 20 millions pour une halle de formation. La Région Normandie financera près de la moitié du projet, en plus de fonds européens et de la participation de l’agglomération Caen-la-Mer et du Département du Calvados.
Le laboratoire a été construit en 1986. Son développement et son agrandissement devenaient incontournables pour élaborer des projets d’ampleur – comme c’est le cas, actuellement – autour des propriétés des neutrons, des ondes gravitationnelles ou encore de la physique nucléaire fondamentale. « Nous mettons aussi en place des transferts de technologie avec de gros opérateurs : entreprises, sites nucléaires, laboratoires », ajoute François Mauger. 80 personnes y travaillent en plus d’une quinzaine de doctorants et de postdoctorants. Le LPC accueille en parallèle jusqu’à une quarantaine de stagiaires.
Des équipements uniques en France
Aux côtés du laboratoire, une halle technologique « équipée comme nulle part ailleurs » sera construite, dit-on à l’université. Elle permettra de former quelque 750 étudiants par an aux métiers du nucléaire, certains pour des cursus courts. « Par rapport à il y a dix ans, le nombre d’étudiants qui disent vouloir se destiner au nucléaire est en hausse », dit le président de la faculté Lamri Adoui. À l’échelle de la Normandie, on dénombre 2000 places dans des parcours liés à cette filière. L’université de Caen propose notamment des masters (assez rares) de radioprotection et de génie nucléaire. Au sous-sol du bâtiment sera bâti un « bunker » avec une salle de spectrométrie et un générateur à neutrons unique en France.
« La Région a la volonté de réunir et de densifier les formations pour le nucléaire », martèle le président de Région Hervé Morin, laissant échapper un tacle contre l’absence de financement de l’État pour ce projet. « Le nucléaire, c’est 100 milliards d’euros d’investissement prévus dans la région entre le futur réacteur EPR de Penly et les projets d’Orano dans la Hague. L’enseignement supérieur doit accompagner ce développement », rappelle-t-il. La Normandie compte trois centrales, l’opérateur de recyclage de déchets Orano, l’Andra (centre de stockage de déchets), un site Framatome et Naval Group, à Cherbourg. Le début des travaux est programmé pour 2028. La partie formation ouvrira au plus tard à la rentrée 2031 et, dans la foulée, en 2032, pour la partie recherche.