Appel de la Coordination Féministe
L’extrême droite : pire ennemie des femmes et minorités de genre
Dans le contexte national comme international, l’extrême droite prend du pouvoir. Nous, femmes et minorités de genre, sommes directement concernées par la montée d’une idéologie qui veut renforcer la domination patriarcale, raciste et capitaliste.
Partout où elle impose sa politique, l’extrême droite attaque nos droits : droits reproductifs, droits des femmes, droits des personnes LGBT+, droits des personnes racisées, droits des enfants, égalité entre les travailleur·ses, services publics d’éducation et de santé… La progression fulgurante des idées fascistes dans l’opinion publique, et leur banalisation constante menacent directement nos vies.
Féministes solidaires au-delà des frontières
Alors qu’aux États-Unis, Trump annonçait s’attaquer aux personnes trans avant même son investiture. Qu’en Italie, Meloni supprime la reconnaissance parentale des couples lesbiens. Qu’en Argentine, Milei supprime le sous-secrétariat à la Protection contre la violence de genre. Qu’en Afghanistan, les femmes sont enfermées dans des pièces sans fenêtres. Qu’au Soudan, le viol est déployé comme arme de guerre. Qu’en Palestine, Israël perpétue un génocide, et que ces attaques n’ont pas commencé suite au 7 octobre 2023, mais il y a 75 ans.
Alors que les femmes et minorités de genre sont attaqué·es partout, nous ne nous laisserons pas faire.
Alors que nous subissons de plein fouet les effets du changement climatique dans l’inaction de nos gouvernements. Qu’aux États-Unis, les feux ravagent la Californie. Que les Mahorais·es, après avoir tout perdu dans le cyclone Chido, sont méprisé·es par Macron.
Les idées d’extrême droite en marche
Alors qu’en France, Retailleau ressort une vieille obsession islamophobe contre les femmes voilées, proposant l’interdiction du voile à l’université, aux accompagnatrices scolaires et aux sportives.
Alors que les collectifs racistes comme Némésis investissent et instrumentalisent nos luttes.
Que les droits des travailleur·ses sont attaqués de toutes parts.
Que des manifestations contre l’IVG sont autorisées et se multiplient.
Que certaines régions, comme les Pays de la Loire, coupent purement et simplement toute subvention (- 90% pour le champ égalité filles-garçons) aux associations œuvrant pour l’éducation à la vie affective et sexuelle, la prévention des VSS et la prise en charge des victimes. Cela s’inscrivant dans un plan d’envergure de casse du système associatif qui ne parvient pas vraiment à combler ce que l’État ne fait pas, comme le Planning familial.
Que le nombre de féminicides chaque année ne diminue pas (136 en 2024, décompte provisoire).
Que les JO ont été prétexte à une répression intense contre les travailleur·ses du sexe.
Que les procès pour violences sexistes et sexuelles mettent au jour les systèmes de violences organisées, dans tous les aspects de la société (Ruggia, Plazza, Pelicot…).
Que des violeurs, des homophobes, des racistes, des voleurs d’argent public notoires, sont nommés ministres.
Alors que les femmes et minorités de genre sont discriminé·es, attaqué·es, exploité·es dans tous les aspects de leur vie : nous ne nous laisserons pas faire.
Tout bloquer pour tout gagner !
Nous ferons pression pour renverser ce système et ses attaques. Nous appelons à faire front pour paralyser la société. Pour cela, la grève générale féministe est notre stratégie. Nous appelons à la grève générale féministe le samedi 8 mars 2025.
La grève générale féministe, c’est l’arrêt large et global de tout le travail quotidien des femmes et minorités de genre qui fait tourner ce système, que ce travail soit rémunéré ou non, en semaine ou en week-end. Il s’agit du travail salarié, mais aussi du travail domestique et reproductif qui sont encore aujourd’hui essentiellement effectués par les femmes, tous les jours de l’année. Nous ne voulons ni double journée, ni demi-salaire. Nous ne voulons ni d’une assignation forcée, ni d’une dévalorisation des tâches essentielles, comme le soin, le lien, l’éducation ou l’entretien. Nous appelons à repenser nos modes d’organisation, débarrassés des contraintes imposées par le système capitaliste, patriarcal et raciste.
Par la grève, nous créerons un rapport de force à notre avantage, rappelant que si on s’arrête, le monde s’arrête.
Pour un monde féministe : juste, solidaire et joyeux !
Notre grève est politique. Elle développe une vision de la société radicalement opposée au projet de l’extrême droite, des classes dominantes, des capitalistes.
Par la grève, nous revendiquons la hausse des salaires et de tous les revenus. Nous sommes majoritaires dans les emplois sous-rémunérés, pénibles, à temps partiels et morcelés. Nous avons plus souvent des parcours discontinus du fait d’emplois plus précaires ou de la parentalité dont la charge de temps nous est souvent réservée. Nous sommes les premières victimes de toutes les contre-réformes qui cassent nos droits sociaux. Face au projet ultra-libéral de l’extrême droite et du macronisme : grève générale féministe ! Des vies dignes pour toustes !
Par la grève, nous revendiquons des investissements massifs dans les services publics, pour l’éducation, pour la santé, pour l’accès au logement et aux transports, pour la protection des enfants et l’accompagnement des victimes de violences. Nous voulons un financement conséquent de l’Aide sociale à l’enfance. Nous avons besoin de crèches en nombre, avec des travailleur·ses formé·es et nombreux·ses, et qui ne sont pas soumises à la logique capitaliste.
Par la grève, nous revendiquons le droit à la libre disposition de nos corps. Nous défendons une société où l’accès à l’IVG est réellement garanti et financé. Nous voulons des transitions de genre gratuites et facilitées. Nous voulons de vrais moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, avec une formation des professionnel·les et le financement des associations.
Par la grève, nous revendiquons la décolonisation et la fin des politiques racistes. Nous voulons la fin du colonialisme d’État qui laisse la Guadeloupe sans eau potable, qui emprisonne les militant·es kanaks, qui persécute les Mahorais·es et laisse Mayotte dans la détresse la plus totale. Nous luttons contre les génocides et pour que la France assume ses responsabilités face aux mort·es en Palestine, au Liban, au Soudan et partout dans le monde. Nous combattons les violences policières, qui, au travers de ses outils de répression, tuent dans les quartiers populaires, répriment les révoltes, les mobilisations en Kanaky et aux Antilles, et violentent et criminalisent les personnes sans papiers.
Nous voulons tout cela et bien plus encore. Nous voulons battre l’extrême droite. Nous voulons construire une société juste, solidaire et joyeuse.
Le 8 mars et au-delà : seule la lutte paiera
Le 8 mars, faisons grève, descendons dans la rue pour affirmer notre force dans la joie et dans la lutte, construisons des cortèges déterminés et revendicatifs, occupons l’espace, imposons nos idées dans le débat public ! Le 8 mars, créons des espaces de rencontre et expérimentons des nouvelles formes d’organisation collective. Sortons de l’isolement, construisons un monde féministe et solidaire et exigeons des vies dignes, libres et sans violence. Le 8 mars, faisons vivre la grève générale féministe.
Tout reste à gagner !
Caen : départ de la manifestation à partir de la Place Saint Sauveur à 18h