[Trouvé sur ASMEX]
Ce 19 janvier 2024, 28 personnes bases d’appui de l’Armée zapatiste de
libération nationale (BAEZLN) ont subi un déplacement forcé. Il s’agit
d’habitants du Gouvernement autonome local de la communauté « La
Resistencia » de la région « Moisés y Gandhi ». Parmi les personnes
déplacées se trouvent dix enfants. Les responsables de ce déplacement
sont un groupe de 40 membres de l’Organisation régionale des
caféiculteurs d’Ocosingo (ORCAO) qui portaient des armes à feu, des
machettes et des bâtons.
Pendant l’agression, l’école primaire autonome a été détruite ainsi que
15 maisons en tôle et en bois. Des livres des promoteurs d’éducation ont
été brûlés et un magasin a été dévalisé. Plusieurs biens matériels ont
été dérobés à la communauté : des animaux de basse-cour, des outils de
travail, une écosseuse de café et des presses à tortillas. Des
plantations proches ont été détruites et des aliments entreposés, comme
du maïs, des haricots, du café et du sucre, ont été jetés.
Selon l’information reçue, la communauté a été menacée le 17 janvier
2024. Le groupe des agresseurs est arrivé au village zapatiste de « La
Resistencia », portant des bâtons et des machettes. Ils ont dit à ce
moment aux BAEZLN qu’elles avaient deux jours pour quitter leurs
habitations. Dans la même région, le 19 janvier 2024, 54 personnes de
l’ORCAO de « Sacrificio La Esperanza » sont venues brûler un pâturage des
BAEZLN du village « Emiliano Zapata », laissant ainsi le bétail sans
nourriture.
Nous sommes préoccupés, en tant que réseau de solidarité en Europe, par
la permissivité et la dissimulation de l’État mexicain. Des informations
reçues par le Centre des droits humains Fray Bartolomé de las Casas (CDH
Frayba), dont le siège se trouve à San Cristóbal, attestent que le 14
janvier 2024, le régisseur municipal d’Ocosingo a inauguré une agence
municipale de l’ORCAO dans l’espace dont les BAEZLN ont été expulsées en
novembre 2021, là où se trouvait le magasin collectif « Arcoiris »
[Arc-en-ciel] situé au carrefour de Cuxuljá.
Nous rappelons que les agressions de l’ORCAO à l’encontre de l’EZLN ont
été une constante dans la zone de « Moisés y Gandhi », ce qui a occasionné
une série de violations graves des droits humains dans la région comme
le sont les déplacements forcés, la torture, la disparition et les
tentatives d’homicide.
Le 5 mai 2022, la communauté « La Resistencia » a subi un déplacement
forcé dans une attaque similaire, également signalé par le CDH Frayba.
Le 23 mai 2023, Jorge López Santis, BAEZLN, habitant de « Moisés y
Gandhi », a été victime d’une agression armée qui a mis sa vie en grave
danger.
Pour toutes ces raisons, nous demandons aux gouvernements fédéral et de
l’État du Chiapas :
1. Que soit garanti le respect du territoire des BAEZLN, de leur libre
détermination et de leur autonomie, ainsi que d’une vie sans violence ;
2. Que soit réalisée une enquête immédiate et diligente afin de
concevoir un plan où l’on privilégie la fin de ce climat de violence et
l’adoption de mesures orientées dans le sens de la réparation des
dommages et de l’initiation d’un processus de justice.
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