DeBlocage, Occupation, Grève sauvage
Lorsque les gens participent aux manifs avec leur bandes, il peut s’avérer parfois logique qu’elle agissent ensemble en formant un contingent ou un bloc. La forme choisie devant s’adapter au contexte. Voici un recueil de conseils qui pourraient vous êtres utiles pour agir dans les manifestations – certains sont applicables en général et d’autres sont plus spécifiques à la tactique du bloc.
La façon dont se déplace une manifestation peut en déterminer le résultat. Bien qu’il existe des situations dans lesquelles se déplacer rapidement puisse être stratégique, partir à la course en panique est la pire des choses à faire. La police tente souvent de disperser les manifestations qui brassent. Cela dit, il est crucial d’être apte à défendre notre position, à ne pas céder à la panique et à riposter aux attaques des flics.
Les manifs qui se déplacent en zigzag – de bas en haut le long de différentes rues en changeant souvent de direction de manière imprévisible (mais stratégique) – permettent plus facilement d’échapper à la police lors des manifestations spontanées. La police a aussi plus de difficulté à contrôler une manifestation lorsqu’elle marche à contre-sens du trafic dans des rues à sens unique.
Il est important de porter attention à ce qui ce passe autour de vous. Restez conscient.es de votre environnement. Remarquez le positionnement des cordons policiers et la manière dont ils agissent. L’encerclement est une autre tactique utilisée par les flics pour faire des arrestations de masse en contenant une manifestation de tous les côtés, ou bien dans une rue entre les intersections, ou à une intersection. C’est pourquoi, si une manifestation est assez grosse, il est toujours important de tenter qu’elle tienne deux intersections à la fois pour garder ouverte une route alternative.
On a besoin de développer des structures pour communiquer rapidement entre nous. Des messages et des plans peuvent être diffusés rapidement si on les fait circuler à travers les différentes bandes présentes.
Ne prenez jamais de photos de quoi que ce soit pouvant être incriminant. Si vous mettez des photos sur internet, brouillez les visages – la police utilise couramment les images en ligne comme preuve. Les pancartes, les bannières et la peinture en aérosol peuvent être utilisée pour bloquer les caméras hostiles.
Ne venez pas dans une manif en tant qu’observateur.trice passif.ve, en espérant que les autres auront un plan. Soyez prêt.e à participer activement et ayez vos propres objectifs et plans.
La tactique du bloc a pour but d’empêcher l’identification d’un individu au sein d’une masse anonyme, en essayant que tous.tes soient aussi semblables les un.es aux autres que possible. Pour agir dans la rue, il n’est pas nécessaire de se constituer en bloc – les gens peuvent aussi s’organiser en contingents ou agir individuellement – mais ils peuvent contribuer à la sécurité de chacun. Si seulement certaines personnes dans un bloc prennent ces précautions, les flics peuvent plus facilement cibler les personnes et les groupes ; ce qui est dangereux à la fois pour ceux et celles qui agissent au sein du bloc et pour ceux et celles qui n’agissent pas. Ceux et celles qui font l’effort de rester anonyme peuvent attirer plus l’attention de la police ; ceux et celles qui ne le font pas peuvent être plus facilement identifié.es, ce qui fait d’eux et elles des cibles faciles. Aucune de ces situations n’est désirable.
Si vous comptez porter un masque, portez-le à tous les moments appropriés. Si une caméra ou un témoin vous voient sans masque, vous pouvez être facilement identifié par la suite même avec votre masque. Ne vous contentez pas seulement de couvrir votre visage. Les bandanas sont populaires et pratiques, mais ne cachent pas assez. Couvrez votre tête complètement pour éviter que vos cheveux soient visibles – surtout s’ils sont distinctifs. Dans un bloc, vous pouvez vous couvrir en portant un masque de ski ou bien faire un masque à partir d’un t-shirt – étirez le trou du cou autour de vos yeux et attachez les manches derrière votre tête, le reste du t-shirt couvre votre tête et vos épaules.
Soyez extrêmement vigilant.e à savoir où et quand vous mettez ou enlevez votre masque et changez de vêtements ; il ne devrait pas y avoir de caméras ni de témoins hostiles. Si possible, explorez les lieux à l’avance pour trouver des espaces appropriés pour vous changer. Rappelez-vous que la police est particulièrement susceptible de cibler les individus masqués qui ne sont pas dans une foule de gens habillés de façon similaire.
Portez différentes tenues, en couches l’une sous l’autre. Idéalement, vous devriez avoir une tenue pour vous rendre sur les lieux de l’action sans attirer l’attention, une tenue anonyme pour l’action elle-même, puis une autre tenue en dessous afin d’avoir l’air d’un.e bon.ne citoyen.ne lorsque vous quittez la zone.
Ne marchez pas avec un bloc en portant vos vêtements de tous les jours, surtout ils vous distinguent. Les flics sont peut-être stupides, mais ils et elles sont probablement capables de trouver des correspondances entre la photo de la personne masquée avec un pantalon violet à pois et la photo de cette même personne dans la même tenue, avec le masque en moins, même si les photos n’ont pas été prises le même jour.
Les sacs à dos et les souliers sont aussi utilisés pour identifier les personnes dans les manifestations. Plutôt que d’utiliser les mêmes que ceux que vous portez au quotidien, utilisez-en d’autres. Envisagez de couvrir vos chaussures avec de grands bas si cela est approprié.
Dissimulez ou enlevez quoi que ce soit pouvant vous identifier : patch, perçage, tattoo.
Si c’est possible, couvrez-vous les yeux avec des lunettes pour vous protéger du gaz poivré ou du gaz lacrymogène. Si vous portez des lunettes, portez-en qui ne vous distinguent pas trop. Les verres de contact ne sont pas recommandés dans les situations où vous pourriez être en contact avec des armes chimiques. Si en hiver, vos lunettes s’embuent quand vous portez un masque, vous pouvez porter des verres de contact, mais garder vos lunettes à portée de main.
Attention à ne pas laisser d’empreintes digitales. Portez des gants en tissu – le cuir et le latex peuvent retenir les empreintes digitales et peuvent même les transmettre sur les objets que vous touchez. Nettoyez vos outils et autres objets avec de l’alcool à friction à l’avance, afin d’éliminer les empreintes. On ne sait jamais ce qui pourrait se perdre dans le chaos.
Les bannières sur les côtés et à l’avant d’un bloc peuvent servir à entraver la surveillance et peuvent aussi aider à empêcher la police de nous capturer.
Les pancartes et les drapeaux en bois lourd peuvent être utilisés pour l’auto-défense dans les moments critiques (ces bâtons sont plus longs que les matraques !). Les barricades, les feux d’artifice, les bombes de peinture, les extincteurs, les roches et d’autres moyens créatifs peuvent garder les ennemis à distance.
Connaître le terrain peut être très important.
• Où sont les matériaux pour barricader, les cibles pour des actions et les cachettes où vous pourriez ranger des outils à récupérer lors de la manifestation ?
• Où se trouvent les ruelles, les cours arrières, les cachettes, les zones où il y a beaucoup de gens, les caméras et les transports en commun pour la dispersion ?
Méfiez-vous, tout ceci ne devrait pas vous donner un faux sentiment de sécurité. Soyez prudent. Évaluez honnêtement votre relation au risque. Assurez vous de connaître les gens avec qui vous vous organisez et que vous leur faites confiance, surtout s’il s’agit d’activités à haut risque. Pratiquez la culture de la sécurité en tout temps. Connaissez vos droits et faites les valoir quand vous interagissez avec la police. Cela n’améliorera pas nécessairement la situation, mais ne pas le faire ne peut que l’empirer.