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Ouest-France le 22 août
Un collectif d’aide aux migrants s’oppose à une intervention des agents d’Enedis à Lisieux
Des agents d’Enedis et la police nationale ont été mobilisés, dans la matinée de ce jeudi 22 août 2024, dans un quartier du nord de Lisieux (Calvados). Le gestionnaire du réseau électrique avait l’intention de couper l’électricité dans plusieurs maisons, où sont logés des migrants, dont des femmes avec enfants.
Ambiance tendue dans un quartier au nord de Lisieux (Calvados), ce jeudi 22 août 2024. Vers 9 h, des agents d’Enedis se sont présentés pour couper l’électricité dans au moins deux logements occupés par des migrants et qui sont la propriété du bailleur social Inolya. La police nationale était également présente.
Depuis un peu plus d’un an, à l’initiative du Collectif lexovien de défense des personnes privées de droit, six pavillons sont habités dans la zone par des exilés.
Une intervention sur les poteaux électriques ?
L’action d’Enedis n’a pas pu aboutir. Une vingtaine de personnes était sur place pour faire barrage. Pour Philippe Morice, l’une des têtes de file du Collectif, qui s’est démarquée récemment par une grève de la faim, « c’est une belle victoire, passagère mais pas innocente ».
Marie-Andrée Queste, membre du Collectif, se questionne : « Pourquoi est-ce qu’ils n’attendent pas début octobre pour intervenir ? Le 5, on va devoir quitter les lieux, donc il faut au moins attendre ce délai. » Pour rappel, le 26 juillet 2024, les habitations occupées ont fait l’objet d’une décision de justice ordonnant l’expulsion des personnes dans un délai de deux mois, à compter de sa notification.
Une première hors tension le 10 juillet
Mais la mise hors tension des branchements n’est pas une première pour Enedis. Le 10 juillet, l’alimentation avait été interrompue dans deux pavillons pour « éviter toute situation dangereuse pour la sécurité des personnes et des installations » , selon ses services.
Un fidèle du mouvement, sous le couvert de l’anonymat, réfute cet argument : « Dans les logements, il y a des réfrigérateurs avec de la viande, des aliments frais. Si on coupe l’électricité, tout sera perdu et les gens vont tomber malades. Ils devront aussi s’éclairer à la bougie et on sait que ça peut s’enflammer. Le meilleur moyen est de les laisser tranquilles. »
Contactée, la société Enedis précise que cette « situation regrettable » dans la matinée a été constatée par un huissier de justice. Elle répète en outre que les logements « ne sont associés à aucun contrat d’électricité », et que l’entreprise « garante de la sécurité du réseau de distribution », se doit de « réaliser les déconnexions pour mise en sécurité ».
Le Pays d’Auge le 22 août (https://actu.fr/normandie/lisieux_14366/lisieux-un-collectif-se-mobilise-pour-eviter-une-coupure-delectricite-dans-deux-squats_61514870.html)
Lisieux. Un collectif se mobilise pour éviter une coupure d’électricité dans deux squats
Ce jeudi 22 août, Enedis devait intervenir pour couper l’électricité dans deux squats situés à Lisieux (Calvados). Un collectif s’est mobilisé pour empêcher ladite intervention.
Le 10 juillet dernier, des agents d’Enedis ont coupé l’électricité d’un squat situé à Lisieux (Calvados). « Une action choquante, inhumaine » pour les membres du collectif lexovien des personnes privées de droits, qui ne voulaient absolument pas que la situation se reproduise.
Une coupure d’électricité prévue dans deux nouveaux squats
Pour compléter son opération du mois dernier, Enedis avait prévu ce jeudi 22 août de couper l’électricité dans deux autres squats, qui ont ouvert en juillet 2023 dans les quartiers nord de Lisieux.
Le collectif, qui a été prévenu de cette intervention, a pu préparer une action afin d’empêcher Enedis de couper le courant des squats, soit au niveau des poteaux directement, soit au niveau des transformateurs.
L’action du collectif se voulait non-violente. L’idée était de bloquer la route de façon légale en empruntant de façon répétée les passages piétons situés dans les rues où se trouvent les squats. Une méthode de protestation et de blocage qui avait déjà pu être observée pendant le mouvement des gilets jaunes, notamment.
Le collectif était présent dès 8 h du matin. Une demi-heure plus tard, la police est venue encadrer le rassemblement au départ dans une ambiance bon enfant.
Après le calme, la colère éclate
Aux alentours de 8 h 40, les camions d’Enedis pénètrent dans la rue, mais se trouvent bloqués par cette « technique du passage piéton ». Les camions sont alors situés à quelques dizaines de mètres des poteaux électriques, et ne peuvent pas avancer plus.
Quelques minutes plus tard, les camions parviennent à forcer le passage, pour s’approcher à seulement quelques mètres des poteaux électriques.
Dès lors, la colère éclate. « Partez d’ici, vous ne couperez pas l’électricité, il y a des familles ici, il y a 17 enfants », invective Philippe Morice, membre du collectif. La discussion entre les militants et les agents d’Enedis tourne court, « on ne fait que suivre les ordres », s’exclame un agent.
Alors que l’atmosphère s’échauffe, les policiers bousculent et tentent de faire bouger de force des militants placés au milieu de la route.
Le dernier temps fort de la protestation a lieu vers 9 h, lorsque le militant Philippe Morice s’accroche directement en hauteur sur le poteau électrique. Après quelques instants de discussions, Enedis décide d’abandonner l’opération prévue ce jour.
Une petite victoire, « mais la peur reste »
Pour le collectif, le départ des agents d’Enedis marque une petite victoire, « qui motivera peut-être plus de personnes à venir lors de prochaines démonstrations ».
Une victoire de courte durée, estime Philippe Morice : « Il faut rester vigilant, car ils peuvent décider de revenir à tout moment pour couper l’électricité. »
L’apaisement, aussi, est de courte durée. Claudia*, originaire d’Albanie, est arrivée dans l’un des squats il y a quelques mois : « Personnellement, cette situation me fait peur, j’ai une fille, un enfant malade, on a besoin d’électricité pour pouvoir vivre correctement ici. »