Que la peur change de camp

Le texte ci-dessous a été distribué au départ de la manif du 01/10 à Caen (grève sur les salaires, les retraites et le contexte électoral), avec aussi infokiosque et table à café. Environ 1500/2000 personnes à la manif, beaucoup de jeunes. Dans la matinée, des élèves du lycée Malherbe ont tenté de bloquer leur bahut, mais les flics ont levé le blocage dès 6H30.

Que la peur change de camp !

En juin dernier, des millions de français et françaises se sont déplacés aux urnes pensant faire barrage à l’extrême-droite. Depuis, Macron a nommé un ministre de la droite conservatrice. Lui et sa clique sont bien décidés à continuer les attaques antisociales et autoritaires, assumant même un virage encore plus à droite et tissant toujours plus de ponts avec l’extrême-droite.
Ce n’est pas une surprise. Voilà 150 ans que les anarchistes ont rappelé le rôle du système électoral : préserver le pouvoir pour mieux continuer les mêmes politiques. Ce n’est pas par les urnes que l’on met un point d’arrêt à l’exploitation capitaliste, la domination étatique, aux ravages industrielles et aux oppressions racistes. Il faudra lutter dans la rue, les quartiers, les villages, les boîtes et les écoles. Seul un rapport de force suffisant, par les moyens que l’on jugera nécessaires, peut infléchir la pente glissante dans laquelle nous sommes engagé-es.
La gauche n’a jamais été une solution, pas même pour faire barrage à l’extrême-droite. Penser l’inverse, ce serait oublier, entre autres :
-  Que le Front populaire de 1936 a continué la politique coloniale, a refusé d’aider les anarchistes et républicains espagnols en révolution contre le coup d’état fasciste de Franco et consorts, et n’a cédé des concessions sociales que sous la pression d’une grève générale ;
-  Que c’est un président de gauche, Mitterrand, qui a fait monter le Front national en espérant ainsi mettre des bâtons dans les roues de ses adversaires de droite ;
-  Que c’est toujours un président de gauche qui a été chercher le banquier Macron pour le nommer ministre (dans un gouvernement de gauche, donc), avec pour résultat de le propulser à l’Elysée quelques années après ;
-  Que la gauche, en bon gestionnaire, a toujours mené des politiques parfaitement compatibles avec le système qui nous mène droit dans le mur.
Il semble évident que les dirigeants et dirigeantes ont bien conscience que maintenir leur système capitaliste et industriel va passer par de gros tours de vis répressifs. Les temps sont déjà durs, la suite qu’ils et elles nous réservent est encore pire. Une partie de la bourgeoisie a d’ailleurs d’ores et déjà acté son ralliement à l’extrême-droite. Les vieilles recettes sont déjà en cours :
-  Agiter les sirènes nationalistes et guerrières pour mettre tout le monde en rang, riches comme pauvres, derrière une fiction et éviter ainsi de parler des problèmes d’inégalités, de souffrances au travail, de ravages industriels, de répression et de violences policières, etc. ;
-  Pointer des bouc-émissaires par des logiques racistes, taper sur les sans-papiers, les allocataires des minimas sociaux, les personnes de couleur, pour détourner l’attention et laisser tranquille les gens de pouvoir.
Nous avons tout intérêt dès aujourd’hui à nous auto-organiser entre potes, collègues, camarades, voisin-es, et ce sans chef-fes ni représentant-es ; à nous coordonner à travers des assemblées populaires où les décisions sont prises directement par les individu-es en lutte à égalité. Il n’y aura pas de sauveur suprême et nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
Il est temps de laisser libre cours à la révolte qui nous anime. De toute façon, la meilleure défense, c’est l’attaque : monter des caisses de grève, riposter dans la rue face aux nervis d’extrême-droite, descendre à plusieurs dans les administrations qui nous fliquent, se rassembler à la moindre expulsion de squats d’exilé-es ou de locataires, multiplier les sabotages (comme cela a été le cas sur les lignes TGV à la veille de cette fête de l’aliénation que sont les Jeux Olympiques), et pourquoi pas prendre exemple sur les révolté-es kanaks ou renouer avec la détermination des gilets jaunes, et plus encore. Il est temps que la peur change de camp.

Nous n’avons de toute façon plus le choix : ce sera soit la révolution sociale, soit de la survie constamment à la merci du pouvoir dans un monde toujours plus invivable…

Des anarchistes
localapache chez riseup.net
(permanences tous les vendredis soirs 18-19h au 35 bvd Poincaré CAEN)

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