Quelques entreprises responsables de la colonisation française aux Antilles à trouver en métropole

Republication, légèrement remise dans le contexte des révoltes contre la vie chère aux Antilles, d’une cartographie contre l’oppression coloniale française en Kanaky. Celle-ci évoquait notamment les entreprises de la FEDOM (Fédération des Entreprises d’Outre-Mer), qui concerne l’ensemble des territoires d’’’Outre-Mer".

Publication originale :https://trognon.info/Cartographie-de-quelques-piliers-de-l-oppression-capitaliste-et-coloniale-en-221
Image principale tirée d’un article sur des tags à Montreuil en soutien aux révoltes en Kanaky et en Martinique : https://lille.indymedia.org/spip.php?article36768&lang=fr

La Fédération des Entreprises d’Outre-Mer est comme un « lobby », ou l’équivalent du MEDEF (syndicat patronal) mais avec peut être plus d’influence sur l’économie des territoires d’« Outre-Mer » que le MEDEF en métropole. Les directives économiques qu’elle organise sont en partie responsables des causes que la situation insurrectionnelle actuelle aux Antilles, comme en Kanaky précemment, parvient à résoudre. Ces directives s’étendent à l’ensemble des territoires d’« Outre-Mer » et ont sans aucun doute des conséquences significatives en métropole. Créée en 1986 à l’initiative de plusieurs chefs d’entreprise de départements d’« Outre-Mer », elle est composée aujourd’hui de milliers d’entreprises et multinationales qui en sont adhérentes. Son premier président, Lucien Vochel, a été préfet de Paris et pionnier de la politique de « résorption » des « îlots sensibles » (en gros les immeubles de cités accueillant les personnes qui vivaient dans des bidonvilles dans l’après-guerre) en région parisienne, avant de devenir à sa retraite conseiller des présidences d’Euromarché et de la Compagnie générale des eaux en 1984, de Carrefour en 1990, de la Compagnie générale du batiment en 1993, de Vivendi en 1995, du groupe Bolloré en 1997 et de Vinci en 1999. C’est à cette même période qu’il est président de la FEDOM, de 1986 jusqu’en 2001, après quoi il devient président d’honneur alors que George Jollès, ancien vice président du CNPF (Conseil National du Patronat Français) puis du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France)[1], prend sa suite. En 2005, le président de la FEDOM George Jollès passe la main à Guy Dupont, ancien directeur général du groupe Bourbon (compagnie maritime française créée en 1948 pour le commerce de canne à sucre pour ensuite se spécialiser dans les champs pétroliers, gaziers et éoliens). En 2011, c’est le tour de Jean-Pierre Philibert, auparavant directeur des relations avec les pouvoirs publics pour le MEDEF. Et en 2021, il s’agit d’Hervé Mariton, qui a été ingénieur du Corps des Mines de l’école Polytechnique (corps d’excellence pour tout ce qui concerne l’extractivisme et indispensable aux politiques énergétiques et dont les diplômé.e.s finissent dans toutes les industries et organisations importantes en France) et ministre des Outre-Mer pendant 4 mois en 2008. Aujourd’hui, la FEDOM est composée de deux pôles, un dédié à l’immobilier et au logement social pour les travaux de BTP et un à l’industrie.

Le pouvoir d’influence de la FEDOM va aboutir à la Loi Girardin en 2003, légalisant la défiscalisation pour les grandes fortunes qui investissent dans les DOM-TOM (Départements d’Outre-Mer) puis les DROM-COM (Départements et Régions d’Outre-Mer et Collectivités d’Outre-Mer). Cette loi a permis des investissements massifs pour le développement économique de la Kanaky et des Antilles, dédiés à l’urbanisation qui ont permis le tourisme et l’installation à long terme de populations plus solvables, d’expatrié.e.s (ceux et celles qui composent pour certain.e.s les milices armées actuellement). S’il est évident que la FEDOM, en tant qu’interlocuteur privilégié du gouvernement comme des député.e.s, a agi en faveur de la création de cette loi, elle a également intervenue au Sénat en 2022 pour promouvoir un amendement, qui est passé en 49-3, pour la prolongation de la Loi Girardin jusqu’en 2029 [2]. Ce processus de remplacement d’une population pauvre par une autre plus aisée suite à des transformations économiques (augmentation de loyers, démolition-reconstruction, rénovation…) est courant dans le développement capitaliste. Cette guerre insidieuse par l’urbanisation est permise par la loi Girardin qui crée juridiquement une situation économique propice à ces dépossessions. Mais les insurgé.e.s nous montrent que ce processus n’est pas irrémédiable.

Parmi ses milliers d’adhérent.e.s, on peut se faire une idée de ce qui constitue les filières stratégiques du développement économique en Kanaky, et peut être avoir quelques billes (parmi d’autres) au sujet d’où concentrer ses énergies pour détruire le système qui va avec. Il y a des organisations autour du logement (Fédération Française du Bâtiment, Fédération Promoteurs Immobiliers, Fonds Social de l’Habitat,…), de l’énergie (Electricité De France, SUEZ, Total Énergies…), des banques (Société Générale, BRED), du transport maritime et aéroportuaire (CMA-CGM, MARFRET, Colas, Air France et toutes les entreprises dans le genre dans les DROM COM…). On y retrouve également des compagnies liées au tourisme (l’entreprise de location de voitures SIXT, Fédération Française de Parachutisme et des groupes de management spécialisés dans les DROM-COM, le groupe de services dans la sécurité, la formation et l’intérim DOM et le groupe de logistique SAFO). Il semble que seul VINCI Construction apparait en ce qui concerne le BTP et Orange en ce qui concerne le numérique et les télécommunications, ce qui me laisse penser que ces deux entreprises bénéficient d’un monopole dans ces territoires. Vous trouverez sans doute dans vos propres territoires des noms et des adresses qui sont associés à ces entreprises. On y retrouve également des organisations plus spécifiques, comme un syndicat patronal (CINOV), des entreprises de défiscalisation (I2F, Financière Magenta, Industrial Invest, Inter Invest, Infi,…) et une entreprise de crowdfunding (Mazars). La majeure partie de ces dernières sont basées à Paris.

FEDOM :
- siège social : 11 rue de Cronstadt à Paris (75015)

Financière Magenta : son président Thierry Rivier (également investi dans le BTP et à l’Institut national polytechnique de Grenoble) , selon son Linkedin, semble habiter sur Paris et sa périphérie.

INGEPAR :
- siège social : 88 avenue de France à Paris (75013)

I2f :
- siège social : 154, boulevard Haussmann 75008 Paris, France, FR

Industrial Invest :
- siège social : 21 rue du Hanipet à Saint-Barthélémy D’Anjou (49124)

Inter Invest :
- siège social : 2 rue Fortuny à Paris dans le 17e arrondissement (75017)

Infi :
- siège social : 7 rue du bois de boulogne à Paris (75116)

Groupe DOM :
- siège social : Immeuble le Diamant Rond-point Auguste Colonna 42160 Andrézieux-Bouthéon

SAFO :
- Antenne Paris : Antenne Paris71 rue de Provence75009 PARISTél. +33(0)1 44 63 41 84

Mazars :
- siège social : 61 rue Henri Regnault à Courbevoie (92400)

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