"Certes les difficultés peut-être insolubles qui apparaissent de
nos jours peuvent justifier l’abandon pur et simple de la lutte.
Mais si l’on ne veut pas renoncer à agir, il faut comprendre qu’on
ne peut lutter contre un appareil d’État que de l’intérieur. Et en
cas de guerre notamment il faut choisir entre entraver le fonc-
tionnement de la machine militaire dont on constitue soi-même
un rouage, ou bien aider cette machine à broyer aveuglément
les vies humaines.
[...]
Mais l’impuissance où l’on se trouve à un moment donné, im-
puissance qui ne doit jamais être regardée comme définitive,
ne peut dispenser de rester fidèle à soi-même, ni excuser la ca-
pitulation devant l’ennemi, quelque masque qu’il prenne. Et,
sous tous les noms dont il peut se parer, fascisme, démocratie
ou dictature du prolétariat, l’ennemi capital reste l’appareil
administratif, policier et militaire ; non pas celui d’en face, qui
n’est notre ennemi qu’autant qu’il est celui de nos frères, mais
celui qui se dit notre défenseur et fait de nous ses esclaves. Dans
n’importe quelle circonstance, la pire trahison possible consiste
toujours à accepter de se subordonner à cet appareil et de fou-
ler aux pieds pour le servir, en soi-même et chez autrui, toutes
les valeurs humaines."
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