Soutien à Nedjib Sidi Moussa contre la campagne de harcèlement raciste

Le 24 novembre dernier, Nedjib Sidi Moussa a participé à l’émission télévisée « C Politique » sur la chaîne France 5, une émission consacrée à l’arrestation par l’État algérien de l’écrivain Boualem Sansal (le 16 novembre 2024) et aux relations franco-algériennes, à la suite de laquelle il se fait harceler.

Le 24 novembre dernier, Nedjib Sidi Moussa a participé à l’émission télévisée « C Politique » sur la chaîne France 5, une émission consacrée à l’arrestation par l’État algérien de l’écrivain Boualem Sansal (le 16 novembre 2024) et aux relations franco-algériennes.

Nedjib a été convié à cette émission en sa qualité de docteur en sciences politiques et auteur du livre « Histoire algérienne de la France », qu’il est venu présenter au local A.P.A.C.H.E.à notre invitation le 9 décembre 2023.

Suite à la diffusion de cette émission, Nedjib fait l’objet d’une campagne de harcèlement et de menaces - venues de l’extrême droite - parce qu’il a osé, tout en affirmant ses positions clairement anti-carcérales et anti-autoritaires, critiquer l’écrivain emprisonné Boualem Sansal dont le gouvernement français et ses supplétifs veulent faire une figure de la liberté d’expression. Apporter de la hauteur dans le débat semble actuellement quasiment impossible sans s’exposer à de telles réactions. Sur le plateau de France 5, Nedjib a donc exprimé sa gêne de présenter l’écrivain d’extrême-droite comme une figure humaniste de liberté, rappelant qu’il représentait davantage les idées du racisme et la colonisation. Nedjib a très justement rappelé la proximité que l’écrivain en question cultive avec l’extrême-droite : interview pour le média « Frontières » (ex Livre Noir), combat contre l’islamisme qui dérive vers une attaque contre musulman-es et immigré-es, minimisation de la colonisation française en Algérie, agitation nationaliste… On pourrait citer également la participation de B. Sansal à la tribune « N’effacez pas Gérard Depardieu » signée par 56 « personnalités » pour défendre l’acteur accusé de viols, de harcèlement et d’agressions sexuelles par près d’une vingtaine de femmes.

Parmi les réactions démesurées qui ont déferlé à l’encontre de Nedjib Sidi Moussa, il est systématiquement assimilé à un ennemi national (davantage que contre d’autres intervenants qui ont pu porter des propos similaires). Il est accusé d’être un « égorgeur en puissance » par le dessinateur Xavier Gorce (expression renchérie par la suite par le journaliste de Libération Jean Quatremer), d’attaquer « tous les Arabes qui ne servent pas la cause « indigène » » par la sociologue Florence Bergeaud-Blackler, d’avoir une posture « teintée de victimisation post-coloniale » et grosso modo de devoir quitter la France plutôt que la critiquer par un journaliste de Frontières (ex Livre Noir), ou encore de défendre les choix d’une dictature par le journaliste de Marianne Alain Léauthier. Il subit lui-même des mécanismes qu’il a pu décrire auparavant dans ses ouvrages « La fabrique du musulman » ou « Histoire algérienne de la France ». Il s’agit bien, comme Nedjib le dit lui-même dans sa réaction à cette polémique dans Arrêt sur images, d’une « attaque industrielle qui a été fomentée par des cercles d’extrême-droite et relayée sur les réseaux sociaux et les médias de masse, notamment la galerie Bolloré », à travers laquelle il est assimilé au mauvais objet d’un imaginaire raciste qui semble rejouer la fierté nationale française dans la guerre d’Algérie.

Cette situation est exemplaire du fait qu’il soit impossible de porter des idées visant la liberté individuelle et collective dans ces médias de masse sans servir des lignes éditoriales nationalistes et souvent racistes, que ces idées y soient réduites ou au contraires déformées. C’est bien davantage dans les luttes et dans la rue qu’il nous importe de porter nos idées. Nous rappelons également que ces médias sont détenues par des bourgeoisies qui mènent leur propre guerre sociale en industrialisant une propagande religieuse, raciste et autoritaire. Les projets autoritaires et les idées réactionnaires qu’elles y portent les font ressembler bien davantage aux islamistes qu’elles condamnent à tours de bras que des chercheur.euse.s libertaires comme Nedjib Sidi Moussa.

Au passage, cette focalisation sur le sort de l’écrivain emprisonné Boualem Sansal permet d’occulter la réalité criante de l’enfermement en général, tout aussi intolérable en Algérie qu’en France ou qu’il concerne une personnalité publique qu’un-e inconnu-e. Tous les Etats mettent en prisons opposant-es et indésirables, et cette affaire (d’Etats) met en lumière, au même titre que les arrestations et condamnations quotidiennes, la nature profondément autoritaire, répressive et liberticide de l’État.

Nous apportons à Nedjib tout notre soutien face aux menaces dont il est la cible et une chaleureuse accolade.

Contre tous les nationalismes et fanatismes,
Contre tous les colonialismes, tous les racismes, et toutes les prisons.

Des anarchistes du local A.P.A.C.H.E.

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