[Brochure] Quand Rosatom et Framatome sont sur le même bateau…

Sur les liens étroits entre les deux puissances nucléaires mondiales : la Russie et la France, en pleine guerre en Ukraine.

Le 4 mars 2022, le choc de l’invasion russe en Ukraine est encore frais lorsque les forces russes s’emparent de centrale nucléaire de Zaporijjia, plus grande centrale nucléaire d’Europe. Les spectre d’un nouveau Tchernobyl flottent sur le continent, alors que les annonces de relance du nucléaire français sont dans la bouche de la majorité des candidat.es aux élections présidentielles, et que le statut d’« énergie verte » du gaz et du nucléaire est débattu en commission européenne, pour permettre de débloquer des financements pour la relance.

La crainte d’une attaque nucléaire en France, en plein contexte de guerre russo-ukrainienne, aurait pu mettre un frein aux aspirations de relance du nucléaire : mais la propagande nucléocrate a su remporter le combat médiatique, à travers l’idée d’une relance d’énergie « souveraine » [1], rendant la France moins dépendante du gaz russe… Et pourtant, dans ce recueil de textes, nous allons voir que les accords économiques signés entre Framatome et Rosatom – constructeurs de centrales nucléaires français et russe – ont largement pesé sur la politique nucléaire européenne et sur les conséquences diplomatiques sur la guerre en Ukraine… (texte 1)

L’énergie nucléaire et les armes nucléaires sont les deux faces d’une même médaille, comme l’a formulé un jour le président Macron dans la forge nucléaire du Creusot : « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil  ».

Ces accords économiques franco-russes permettent également au commerce d’uranium en provenance et à destination de la Russie d’être exclu des sanctions prises dans le cadre de la guerre en Ukraine (texte 2) [2]. Des cargos d’uranium en provenance de Russie arrivent actuellement régulièrement dans les ports de Rotterdam (Pays-Bas) et de Dunkerque (France), avec parfois de l’uranium en provenance de la Russie destiné à l’usine de fabrication d’éléments combustibles de Lingen.

Ces accords économiques nucléaires avec la Russie ne concernent donc pas que la France puisque l’Allemagne est concernée avec l’usine de retraitement à Lingen, en Basse-Saxe (textes 3 et 4). En décembre 2022, Framatome a pour projet de fabriquer à Lingen des éléments combustibles pour les centrales nucléaires d’Europe de l’Est. Cela signifie que des experts russes travaillent dans des installations nucléaires très sensibles en Allemagne. L’usine de fabrication d’éléments combustibles à Lingen deviendrait finalement une antenne pour les ambitions internationales de Vladimir Poutine en matière de politique nucléaire. Nous sommes bien loin de l’idée selon laquelle l’Allemagne en aurait terminé avec l’industrie du nucléaire, la production de déchets nucléaires et les transports de matières radioactives…

Aux dernières nouvelles [mai 2024], avant même d’avoir obtenu l’autorisation pour l’agrandissement de l’usine en partenariat avec Rosatom, des ingénieurs Russes sont déjà présents, et il semblerait que du matériel soit déjà livré [3]

Ce recueil de textes a été initialement publié dans la revue antinucléaire allemande Ausgestrahlt, dans le numéro hiver 2023-2024 (n°59). Nous y avons ajouté l’appel à manifestation à Lingen (trouvé sur atomstadt-lingen.de et traduit en français sur bureburebure.info) du 20 janvier 2024, qui, bien que la date soit passée, nous informe très bien sur la situation nucléaire actuelle allemande, et sur la lutte à continuer d’y mener.

Un grand merci aux personnes qui ont participé à la traduction et à la relecture de ces textes.

Solidarité internationale et antinucléaire !

Pour l’équipe traductions de Bure – traductions-bureburebure(a)riseup(.)net

Sommaire :

– p.4 : Rosatom, le géant du nucléaire

L’entreprise d’État russe Rosatom est le plus grand acteur dans le commerce mondial de l’atome. Missionné par le Kremlin, il développe l’énergie nucléaire dans le monde entier – et participe à l’offensive contre l’Ukraine.

– p.8 : Liens intimes entre Rosatom et Framatome

Comment l’entreprise d’État française Framatome coopère avec son équivalent russe, bloque les sanctions contre Rosatom et déploie la technique nucléaire dans le monde entier.

– p.11 : Dans la zone de sécurité

L’entrée de Rosatom dans la fabrication des combustibles à Lingen affecte-t-elle les intérêts de sécurité allemands ? Certaines données du ministère fédéral de l’économie semblent le démontrer. Et des experts de la sécurité des réacteurs mettent en garde : un tel partenaire dans ce type d’entreprise n’est pas une bonne idée.

– p.15 : Manifestation anti-nucléaire à Lingen (Allemagne)

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Notes :

[1Ne prenant pas en considération l’import de l’uranium nécessaire à la production de nucléaire en France

[2Plus d’informations (en français) :
-  Complément d’enquête (1h10) sur les déchets nucléaires, France 2, octobre 2023. Le documentaire comprend une partie sur le trafic des déchets nucléaires français en Russie.
- Comment l’Ukraine et l’Europe ont échappé à un désastre nucléaire, Carnets de guerre #13, Jean-Marc Royer, 21 février 2024 sur lundi.am
- Usine nucléaire de Belfort : EDF ouvre le capital au russe Rosatom. Reporterre.net, 10 mars 2022
- En pleine guerre, la France reçoit de l’uranium russe. Reporterre.net, 25 août 2022
- Nucléaire : la France équipe toujours les centrales russes. Reporterre.net, 18 juillet 2023
- Uranium de retraitement : bientôt une usine française pour se passer de la Russie ? Reporterre.net, 29 mars 2024

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