Création d’un Local de Rétention Administrative (LRA) au commissariat de Caen

Depuis le mois de janvier 2024, un Local de Rétention Administrative est en fonction au commissariat central de Caen. Il dispose de 4 places d’enfermement. Le LRA, c’est l’équivalent d’un petit Centre de Rétention Administrative, mais pour une durée et des droits limités.

Le 16 janvier dernier, la Préfecture du Calvados a publié un arrêté « portant création d’un local de rétention administrative » au commissariat de Caen du 10 rue du Docteur Thibout de la Fresnaye. Il est géré par la police nationale et compte 4 places d’enfermement.

L’arrêté préfectoral en question.

Un LRA, c’est comme un petit CRA, souvent situé en centre-ville, dans un commissariat, une gendarmerie, un bâtiment administraif, etc. Il en existe plus d’une trentaine sur le territoire français. Une personne peut y être enfermée 2 jours avant un placement en CRA ou une expulsion du territoire (mais parfois ça va jusqu’à 5 jours). Contrairement au Centre de Rétention Administrative, il n’y a au LRA ni visites, ni téléphone pour contacter l’extérieur, ni association, ni espace de promenade. Ce sont donc des lieux particulièrement opaques. (Plus d’infos ici : Les LRA, l’enfermement invisible au coeur des villes)

La création de ce LRA arrive dans un contexte toujours plus tendu de persécution des personnes exilées qui n’ont pas « les bons papiers ». La Police aux Frontières multiplient les rafles (comme le 11 mars dernier à Caen où pas moins de 5 véhicules et une trentaine de flics sont mobilisés dans la gare et dans le quartier pour faire des contrôles d’identité ciblés) tandis que la préf distribue les OQTF.

A Oissel et à Rennes, les CRA sont pleins, et des expulsions sont organisées.

Le 29 février 2024, un avion Boeing en provenance de Géorgie, affrété par FRONTEX, fait escale à Metz, puis à Rennes, pour déporter des personnes vers la Géorgie. Des personnes solidaires se mobilisent à Rennes pour tenter d’empêcher l’expulsion mais un important dispositif policier les en empêche. Plusieurs familles doivent monter dans l’avion ; l’une d’entre elles a été arrêtée devant les Restos du Coeur à Lorient, une semaine plus tôt. Les téléphones des retenu-es ont été coupés à partir de 9 heures du matin. Une quinzaine de camionnettes de police sont mobilisées pour l’opération.

Les expulsions sont aussi organisées avec le soutien d’une entreprise d’aviation locale, Chalair aviation, basée à l’aéroport de Caen-Carpiquet. Celle-ci a signé un important contrat avec l’Etat pour l’utilisation de ses avions dans le cadre des expulsions, ce qui lui a valu une visite hostile en janvier dernier.

Face à l’accentuation de la politique raciste des expulsions et de l’enfermement, ya quand même quelques révoltes qui font plaisir, par exemple dans la nuit du 8 au 9 avril, dix prisonniers du CRA de Oissel ont tenté une évasion. « Ils sont passés par la cour de promenade du centre puis ont utilisé des draps tendus entre les grilles des fenêtres afin de pouvoir escalader les murs. Ils ont ensuite crevé le filet de protection et pris la fuite ». Trois d’entre eux sont arrêtés peu de temps après dans l’enceinte de l’école de police, l’un d’eux condamné à 8 huit mois fermes avec maintien en détention. Les deux autres ont vu leur procès reporté car ils ont du être hospitalisés, blessés dans l’évasion. Les 7 autres prisonniers eux ont réussi à s’enfuir pour de bon !

Pour le mois de mai, un appel à actions contre les boîtes qui collaborent avec le système des CRA et des expulsions circule. D’ailleurs, en région parisienne, quelques architectes impliqués dans la construction de CRA ont reçu des visites récemment.

LRA, CRA, PAF, frontières… pour que tout ça disparaisse, pas le choix, agissons.

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