Ambiance :
Un rassemblement devant le tribunal aurait bloqué la circulation du carrefour entre la rue Joséphine et la rue Verdun, alors cela a été interdit et la possibilité de se retrouver en solidarité renvoyée à quelques centaines de mètres.
Mais pour être sûr qu’aucun dangereux écoterroriste ne décide de stationner devant le tribunal, un périmètre de sécurité bloquant tous les accès a été mis en place avec des forces de l’ordre plus ou moins patibulaires bien que différentes suivant les moments.
Les rues sont bloquées mais l’honneur est sauf : ce ne sont pas des manifestant.es qui bloquent !
Évidemment les bourrins de la Section départemenale d’intervention des Yvelines ont fait honneur à leur réputation allant jusqu’à bloquer l’accès au tribunal pour les personnes souhaitant y entrer alors que les personnes étaient invitées par le tribunal à rejoindre la salle d’audience. Pour un peu, les prévenus ne pouvaiet pas accéder à leur procès. La police d’Évreux est ensuite venu faire un ménage du périmètre plus circonstancié perturbant le décompte des bourrins qui ne savaient plus à combien ils étaient rendus entre ceux qui entraient et ressortaient (des personnes avaient réussi à se faire nasser dans le périmètre, par habitude et les bourrins ne l’avaient pas compris).
Ce sont ensuite des gendarmes qui sont venus prendre le relai. Faire les plantons, ça les connait ! Et dans le rôle de militaires stationnés sans rien avoir à faire, ils furent parfaits. Une mention particulière à ceux qui se sont entrainé toute la journée à bouger la barrière amovible pour l’heure où ils auraient le droit de laisser passer une personne habilitée (riveraine avec justificatif).
Audience
La presse habilitée et les personnes concernées quand iels en auront l’envie et le temps seront plus à même de décrire ces moments (Un article détaillé est paru sur Reporterre). Voici juste quelques éléments :
Les 9 personnes poursuivies l’étaient pour association de malfaiteurs, dégradations et séquestration de moins de 7 jours.
Après la litanie du président et les déclarations des prévenu.es (refusant de répondre aux questions), les parties civiles Lafarge & consorts ont larmoyé sur les 453 000 € de dégats déplorant pour Lafarge 367 000 mais considéraient faire une fleur en ne réclamant que 278 000 € (+ 1€ symbolique pour avoir fait vivre un drame aux salarié.es de la boite), la société de Transport Sudan réclame près de 19 600 €. Enfin, l’employeur du vigile soi-disant séquestré a voulu racler aussi quelques sous mais va sans doute devoir se brosser car outre l’absence de préjudice, la séquestration ne sera pas etenue (cf Verdict), mais bon c’était pour le principe et le symbole.
Le lendemain, réquisitoire et plaidoiries des 7 avocats... Mais aussi le verdict, le tribunal annonçant à la fin de l’audience du matin pouvoir délibérer dans la journée.
Le procureur se vante d’être clément en ne demandant qu’une peine symbolique... de 6 mois de prison (potentiellement assortie d’un sursis simple) : paye ton symbole ! Il met tout le monde au même régime et considère les militant.es comme n’étant pas des écoterroristes, qu’on soit bien d’accord, mais comme les participants à une opération commando faisant montre d’une radicalité à laquelle il faut apporter une réponse pénale.
Face à cette unicité de peine et un refus d’individualiser les situations, la défense a fait tout pareil sauf qu’elle a réclamé à l’unisson et en 7 partitions plutôt convaincantes que la seule solution était la relaxe pour toustes.
C’est le moment de nous retrouver avec le Père Noël venu offrir cette relaxe à toustes les prévenu.es. Malheureusement, il n’est pas juge : ça se saurait ! Pendant ce temps-là, et alors que les alentours sont désertés, les Charlie (sans rire, c’est le nom de la compagnie de GM de Joué-les-Tour qui fit le pied de grue de 10 à 18h) ont tenu le pavé (et surtout les barrières) toute la journée !
Verdict
Une répression en entonnoir des plus injustes mais des plus cohérentes avec la volonté de bouc émissaires à épingler, parfois même au détriment des éléments à même de convaincre tout un chacun.e.
Ainsi, une centaine de personne ont participé à une action contre l’industrie du béton et son fleuron que se targue d’être Lafarge Holcim, quelques dizaines de personnes ont été visées dans une enquête, 17 ont été arrêtées le 8 avril, 9 sont poursuivie et 4 sont condamnées pour association de malfaiteurs (de qui de quoi comment ça ?) et dégradations sans que leur présence même à la journée d’action ne fut établie...
Malgré 5 personnes relaxées pour les faits principaux (3 écopent quand même d’une amende pour le refus de signalétique), le sentiment est plutôt mitigée au regard des peines prononcées à l’encontre des 4 condamnées.
En outre, si le juge a confirmé considérer la clémence des requêtes du proc avec 3 condamnations à 6 mois de prison assorties d’un sursis simple, la dernière est pour le coup condamnée à 10 mois de prison, là aussi assorti du sursis et donc au-delà des réquisitions.
La seule réjouissance collective est la relaxe pour toustes concernant la prévention de séquestration qui était tellement abusée qu’elle ne pouvait vraiment pas tenir debout (ni même assise, ni même du tout !).
Malheureusement, ces condamnations ouvrent la voie aux requêtes en intérêts civils de Lafarge and co. Le tribunal a d’ailleurs posé une date pour l’audience : le 22 avril 2025. Cette audience à près de 300 000 € est toutefois suspendue à l’appel que compte bien faire les 4 condamné.es en première instance d’autant, comme le signifiait une prévenue à la sortie du tribunal, que les irrégularités de la procédure laisse entendre qu’une condamnation en appel obligera à une procédure en cassation.
En attendant, quoiqu’il en soit, soyons solidaires face à la répression comme ce fut le cas pendant ces deux jours. L’attroupement caractérisé (mais dont les demandes de dispersion n’ont pas été faites selon la norme) devant les archives départementales jouxtant le tribunal atteignant à peu près la centaine de personnes ce 20 décembre à 18h, alors que de nombreux.ses soutiens avaient du quitter Évreux avant ce moment-là.